jeudi 28 mai 2009

Agoraphobie

ou la peur de ne pouvoir échapper à une situation.


Je suis une dépendante, mon prénom est Stéphanie.

On peut également qualifier l'agoraphobie de "crainte de ne pas pouvoir être secouru en cas d'attaque de panique" ou encore la "peur des espaces vastes".

Sans le savoir, j'en souffrais depuis plusieurs années. Au minimum, une vingtaine. Oh, rien de nécessairement majeur, d'inacceptable. J'allais rarement à des endroits inconnus, jamais si j'étais seule. Honnêtement, j'étais pratiquement toujours accompagnée.

Mon problème passait quasi inapperçu, si ce n'est que les gens trouvaient bizarre que je veuille incessament retourner aux mêmes endroits. Endroits où, sans le savoir, je me sentais en sécurité. J'arrivais à occuper un boulot, sortir en boîtes, avoir une vie sociale remplie. Aux yeux de tous, j'étais normale. Sauf si ce n'était que quelques crises d'angoises, sans raisons apparentes, ici et là. Rien d'alarmant.

Arrive l'an 2000, le bogue. N'ayez crainte, je ne suis pas virée folle avec ça, mais ma vie a viré à 180. Pour faire une histoire courte, j'suis devenue poteuse, m'suis séparée de mon conjoint. J'avais 25 ans, 2 enfants en bas âges à ma charge et toutes les responsabilités qui viennent avec. Mais surtout, j'étais seule.

C'était le début de mon calvaire.

Pendant plus de 5 ans, j'ai limité mes déplacements, mes sorties, au strict minimum. Dans mes pires moments (souvent l'hiver), je pouvais être des semaines, voir des mois sans mettre le bout du nez dehors. Des périodes où, juste le fait d'aller sur le patio me donnait des palpitations. Planifier aller à l'épicerie me prenait des jours, pour finalement laisser tomber et remettre ça à la semaine d'après, puis à l'autre. Je pouvais rester planter une heure ou deux, la main sur la poignée de porte, tout en sueurs à être incapable de tourner la foutue poignée, pour finalement renoncer, encouragée par une crise d'hyperventilation. J'ignore ce qui pouvait se passer dans ma tête pour créer ce sentiment, mais c'était ainsi. Je n'arrivais pas à me visualiser en sécurité "dehors". Je souffrais et je ne savais même pas pourquoi.

Je me croyais folle... J'avais envie de mourir.

C'est certain que la consommation de cannabis n'a pas aidé à ma situation. La preuve, depuis que je ne consomme plus, je m'isole moins. J'arrive à sortir, certains jours sont plus difficiles que d'autres, les conditions doivent être favorables. Je peux facilement déambuler dans mon quartier, mon quadrilatère s'élargit de plus en plus. Comme je le disais dans un billet précédent, dans une bonne journée, je peux m'éloigner d'une heure de marche de chez-moi, seule. Accompagnée, je peux aller pas mal n'importe où.

Je n'ai jamais consulté concernant cette névrose. Ç'aurait été trop compliqué, trop demandant, trop stressant. Comment me savoir apte, d'avance, à me rendre à mon rendez-vous?? Qu'importe, il est fort à parier qu'une autre de mes pathologies serait entré en ligne de compte pour nier mon problème. Mais ça, c'est un tout autre billet.

Je suis loin d'être guérie (le serais-je jamais?), mais chaque étape que je franchis est une victoire pour moi, un brin de liberté... et ça goûte bon!

Un p'tit pas pour l'homme, mais un grand pas pour Sté'phanie!

Aucun commentaire: